The Sound Of Eddy - Fluid - Vinyle
The Sound Of Eddy - Fluid - Vinyle
‘Fluid’ est le premier album du groupe montréalais EDDY. Ce premier opus est inspiré par les sonorités du trip hop, de la soul psychédélique et de la pop. La voix sensible et affirmée d'Abigail Galwey remplit l'album de mélodies vibrantes. Quant à Danny Trudeau, le jeu passionné de sa basse agit comme un courant sous-jacent qui fait avancer la musique. Dans ce tourbillon qui les rassemble, on peut facilement ressentir le plaisir que Danny et Abigail ont partagé dans leur processus créatif.
L'album s'ouvre sur un pincement de cordes en sourdine, un tapotement vif du bout des doigts sur des tambours et le bourdonnement d’un synthétiseur qui entre. En somme, l’introduction annonce déjà le style de l’album, accueillant des sons inhabituels en les fusionnant avec des arrangements passionnants.
Chaque morceau apporte de la spontanéité, parfois agrémenté d’une touche de storytelling. “Room In A Bubble” fait notamment partie de ces titres qui ont un certain éclat. La ligne de basse inspirée du funk de Danny soutient un groove amusant et optimiste tandis que la voix luxuriante d’Abigail peint une image des été montréalais. S’en vient le morceau suivant, “Lovers On The Run”, où la grosse caisse se distingue à l’image d’un cœur qui s’emballe. Le morceau bénéficie d’un souffle rythmique lourd accompagné d’une flûte et d’une basse granuleuse qui se juxtaposent. Abigail conte l’histoire de deux amoureux improbables qui se retrouvent ensemble.
La nature pleine d’entrain de ces deux chansons s’envole ensuite vers un morceau plus doux, plus intime, “Spring Cleaning”. Sur ce titre, Abigail et Danny montrent leur capacité à exprimer les hauts et les bas. Alors que Danny parcourt le manche de la basse, débloquant des ambiances stratifiées, ouvrant et approfondissant la gamme émotionnelle de la chanson, Abigail reflète quant à elle ces impressions en agrémentant le morceau de mélodies vocales émouvantes et réfléchies. Ces différents éléments mettent à nu la beauté et la tristesse, exprimant la solitude qui suit les moments de célébration.
Le son d'EDDY n'est pas comme les autres. On a l'impression que le groupe dirige intentionnellement son navire, comme une expédition musicale, vers des eaux inexplorées. Ils embrassent des sons inconnus et explorent des structures de chansons qui évoluent comme une bonne histoire, avec des tournants inattendus qui captent l'attention de l'auditeur. “Sysiphus” est un excellent exemple de cette approche. Il y a une pause musicale éclectique qui renverse le scénario. Un synthétiseur imposant surgit, accompagné d'un solo de guitare légèrement décalé. Bien que ces sons s'écartent des attentes, ils suivent toujours une relation de cause à effet avec le reste de la chanson. EDDY peut être expérimental par moments, mais le groupe fait en sorte que cela reste attrayant. Cet esprit d'aventure est l'une des vertus de l'album, illustrant le courage et la volonté d'essayer de nouvelles choses.
"Fluid" démontre ainsi un sens aigu de l'équilibre. De la même manière que le groupe recherche de nouveaux sons envoûtants, il trouve également des points de contraste intéressants. Par exemple, sur le morceau “Tears In The Rain”, Abigail libère sa voix puissante. Ce morceau se construit à partir de débuts minimaux, introduisant progressivement des sons granuleux qui se nourrissent les uns des autres. Ces notes éclatent ensuite dans un refrain percutant où Abigail chante avec un poids et une attitude qui laissent un impact émotionnel chez l’auditeur. Puis, de la même manière qu’une chute d’eau qui s’écrase dans une rivière tranquille, la chanson suivante, “One Thing Still Remains”, offre des synthés prolongés et rêveurs, suivis de long coups d’archet de violon, installant alors l’auditeur dans un cadre musical apaisant et éthéré.
Dans l'ensemble, l'album est à la hauteur de son titre. Chaque chanson de "Fluid" s’enchaîne naturellement avec la suivante, créant un élan, s'adoucissant parfois, mais ne cessant jamais de couler. L'eau est la meilleure métaphore pour décrire ce corps de travail. Chaque chanson est rafraîchissante et pleine de vie, comme si vous preniez un bain de jouvence.
Toutes les chansons écrites par Abigail Galwey et Danny Trudeau
Réalisé par Joe Grass
Abigail Galwey : chant
Danny Trudeau : basse, basse Moog
Joe Grass : guitares électriques et acoustiques, synthétiseur, percussions, chant (Lovers on the Run, Can't Shake this Feeling)
Nadia Hawa Baldé, Judith Little Dandurand : Choeurs
Michel Medrano Brindis : Batterie & percussions
Elli Miller Maboungou : batterie Ngoma
Jérôme Beaulieu : Wurlitzer, Rhodes, piano, synthé Juno
David Osei-Afrifa : Synthétiseurs
Hubert Tremblay : Guitare
Mélanie Bélair : Violon
Ingénierie : Gautier Marinof et Joe Grass
Ingénierie vocale assistée par Phil Pelletier
Enregistré aux studios Tone Bender et PJ Mansion
Mixé par Howie Beck
Masterisé par Dave McNair au Salem Studio, Caroline du Nord, États-Unis
Photographie : Noé Sardet
Artwork : Clément Lavedan
Maquilleuse : Vanessa Ashley
Coiffeuse : Nathalie Leblanc
Ensoul Records, 2022